Au moment où la Collectif des syndicats de l’enseignement signataires du 15 octobre 2016 faisait la mauvaise option de jouer aux fantassins au palais de la culture aux côtés moudjahidines surexcités à l’appel de l’Imam Koumounin (aigris), le Syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC), certes déserteur et moins représentatif dans le monde scolaire, mais plus républicain et plus clairvoyant quant à l’avenir des enfants du Mali, appelait ses adhérents à reprendre les cours ce lundi.
S’il ne faut pas se faire d’illusion sur cri dans le désert que constitue l’appel de DJITTEYE et de ses collègues, celui de l’Imam Mahmoud DICKO aux enseignants à lâcher du lest et à reprendre le chemin des classes est un gros pavé dans la marre du Collectif des syndicats de l’enseignement signataires du 15 octobre 2016.
En formulant sa demande de reprise des cours demandée non seulement comme un « cri de cœur » personnel, mais aussi comme une requête qu’il formule « au nom de tous les Maliens », l’ancien Président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) sort carrément de son rôle et verse dans l’imposture.
Pour l’Imam Mahmoud DICKO, «la revendication des syndicats, c’est la loi qui leur donne ça. On ne va pas supplier le Gouvernement d’appliquer cela, c’est un dû. Le dû ne se négocie pas !… Le peuple souverain du Mali va se porter garant pour que vous ayez vos droits… Ce problème-là, on aura la solution, Inch’Allah!
Ce nombre de milliards, les enseignants n’y ont-ils pas droit ? », s’interroge-t-il. « Qu’on fasse tout pour les leur donner », a-t-il intimé.
L’Imam affirme s’être suffisamment informé sur la situation avant ce jour. Il estime que l’incidence financière qu’argue le Gouvernement de ne pas pouvoir soutenir n’est pas un argument valable.
Pour pallier au problème de ressources financières, l’Imam « propose qu’on supprime les institutions qui ne servent à rien. Il y en a plusieurs qui n’ont aucun effet, qui n’ont rien apporté pour l’amélioration de la gouvernance. NON ».
Il mentionne le Conseil économique, social et culturel, le Haut conseil des collectivités territoriales, le Médiateur de la république, le Bureau du vérificateur général et la Haute cour de justice. « Il faut les supprimer », suggère-t-il et propose en outre de diviser le budget de l’Assemblée nationale et de la Présidence.
Toutes choses qui feront réagir un autre chef religieux, Cheick Harouma SANKARE, Guide spirituel et Khalife de la Tarîqa Tidjane, connu pour être proche du pouvoir : « il est qui pour donner un ultimatum à un gouvernement de la République laïque ». En attendant les réactions républicaines sur le sujet, la question est dans quelle République sommes-nous désormais ?
Que ceux qui se plaisent dans le mélange des genres fassent des provisions pour demain la chienlit, mais d’ici là qu’ils arrêtent de nous pomper l’air sur la violation des lois de la République, dès lors qu’eux-mêmes n’ont aucune espèce de respect pour l’application des principes républicains dont la séparation du politique et du religieux. Que les démocrates qui se taisent et se terrent se délectant de la perspective brandie par l’Imam Koumounin, que les jeunes qui se fichent, que les femmes qui regardent ça de loin sans broncher, que les syndicats d’enseignants qui applaudissent aujourd’hui parce qu’ils n’ont pas eu gain de cause avec l’Etat (…) que tous et chacun actent pour l’avenir que lorsqu’arrivera ce demain qu’ils croient pouvoir construire avec un Imam qui entre par effraction en politique, qu’ils ne viennent pas pleurnicher que ce régime de Mollah ait opté pour la charia et l’enseignement islamique (…) après les avoir mis au chômage.
Pour la défense et la sauvegarde de la République, les compromis contre le régime sont en train malheureusement de devenir des compromissions. L’antipathie pour le régime du Président IBK devrait-il conduire à la subversion et à l’amnésie collective ?
Pour rafraîchir les mémoires, loisible à chacun de ré-visionner le film de l’effondrement de notre pays avec les tristes souvenirs des brimades, des privations, des flagellations, des amputations, des lapidations, des exactions sommaires, des exécutions sommaires… La République, ce sont les lois et les principes.