Suite à ses propos jugés ‘’indécents’’, lors de son audition au Sénat français, l’ambassadeur Toumani Djimé DIALLO a été convoqué au Quai d’Orsay, puis rappelé à Bamako. Au sein de l’opinion nationale, sa sortie est diversement interprétée. Regards croisés sur un incident diplomatique.
Boubacar Salif Traore : La diplomatie malienne…
Il est souvent rappelé que la politique étrangère est le domaine réservé du Chef de l’État. Le ministère des Affaires étrangères évolue donc en étroite cohérence avec la vision du Président de la République.
Pourtant, au Mali, depuis un certain temps nous assistons à une grave et inédite incohérence entre le point de vue du Président et celui de son ministre des affaires étrangères.
D’abord avec le processus de négociation avec les djihadistes voulu par le Président. Son Haut Représentant pour le Centre a été publiquement désavoué par le ministre des Affaires étrangères. Le Président a dû intervenir pour soutenir son Haut Représentant.
Également, le Président a clairement apporté son soutien à l’opération Barkhane. La sortie de l’ambassadeur du Mali en France contre cette force pose clairement un problème de cohérence.
La politique étrangère malienne inquiète de par ses flottements et ses contradictions.
En plus, un responsable qui accuse apporte des preuves tangibles.
Enfin, depuis l’arrivée de Barkhane les autorités maliennes ont-elles pu définir un cadre d’évolution ? À ma connaissance NON.
Mais, le plus important est à présent la capacité du Président à réorganiser tout ça et faire preuve d’autorité sur la politique étrangère du pays.
Guillaume Mamadou Hachim Diallo : Tout à fait Boubacar. Je pense très sincèrement que le comportement de quelques militaires étrangers à Bamako est mineur par rapport à la situation. Pourquoi s’appesantir sur cela alors que des attaques ont malgré tout eu lieu. Le ressenti des populations va dans le sens du trop de présence pour le résultat qu’elles escomptaient. Et cela a déjà été bien évoqué. Sinon, moi-même je rencontrais des militaires-là en Boite de nuit chaque soir. Et j’ai en ces temps posé la question au propriétaire de la Boite de nuit qui m’a dit qu’ils sont chez lui tout le temps. Donc ce n’est un secret pour personne. Cela soulèvera un autre problème le jour où ils vont quitter le Mali, les femmes ou/et les familles qu’ils entretiennent pour leurs compagnes et les enfants qu’ils laisseront. Est-ce que ces familles se plaignent aujourd’hui de leur présence? La guerre a ses différents côtés à intégrer à la gestion de ses ressources humaines.
Mariam Salikénè : Là je ne suis pas d’accord avec toi mon frère sur la sortie de l’ambassadeur au sénat. Ce n’était pas contre l’armée française. Il a dénoncé un état de fait qui est réel. Merci Guillaume Mamadou Hachim Diallo pour ton témoignage qui illustre très bien ce que l’ambassadeur a dit. Ce n’est peut-être pas la Légion étrangère ni toute l’armée française, mais du comportement de certains soldats qui n’honorent pas l’armée française et ça c’est une triste réalité. Vous vous n’êtes certainement pas sur le terrain, allez-y demander aux familles qui sont confrontées à cette triste réalité à travers leurs filles. Il faut bien que cela soit dénoncé d’une manière ou d’une autre. Et ces comportements ne sont pas étrangers au sentiment anti-français, à la vue de tous ces soldats venus pour calmer la situation qui s’aggrave plus chaque jour que Dieu fait. Ça aussi l’ambassadeur l’a déclaré, mais personne n’en parle. Ils se contentent de relayer seulement ce que la France a dénoncé comme des moutons. On a été les premiers à fustiger l’ambassadeur, au lieu d’essayer de comprendre le contexte et le fond qui est une triste réalité pour nous.
Boubacar Salif Traore : Ma sœur, d’abord une chose importante, une armée est un ensemble, c’est la notion de frères d’armes qui domine. On ne peut pas parler simplement d’une partie de l’armée. Ensuite je ne m’intéresse pas au fond, car l’Ambassadeur n’a avancé aucune preuve et je pense que si c’était le cas on aurait eu des témoignages et des images sur les réseaux sociaux bien avant sa sortie. Aussi rien n’interdit à un militaire d’avoir une permission. Je voudrais savoir c’est où «Pigalle de Bamako» un responsable ne s’exprime pas ainsi. On parle en amenant des preuves (jour, lieu, heure, nombre, etc.). Mais le fond de mon texte pose deux questions: la cohérence au sein de la diplomatie malienne. Tu as pu suivre avec moi les nombreuses contradictions et l’absence de règles strictes définies par les autorités pour encadrer les intervenants extérieurs. Mon souci c’est la crédibilité, la cohérence et la consistance.
Dianguine Traore : Je pense que Bamako a peur de la France, d’où son acharnement sur son ambassadeur. Vous parlez de preuve, mais quelle preuve voulez-vous qu’il produise. Ce que ces forces étrangères font au Mali saute aux yeux mon cher. Quel Malien ne voit pas les atteintes commises sur nos filles et nos sœurs ? Nous ne sommes pas contre les Français, mais nous sommes farouchement opposés à la pratique dont nos concitoyens sont victimes. Le pauvre Djimé Diallo fait les frais en disant la vérité. Je pense que la vérité triomphera. Just wait and see !!!
Boubacar Salif Traore : Il faut éviter le populisme. La vérité est que les autorités maliennes n’ont jamais été capables de réglementer le pays. Un dirigeant, c’est celui qui dote son pays d’institutions crédibles, comme Obama l’a souligné. Quand il s’agit de défendre les causes nobles, il n’y a personne. Où est le soutien en direction des enfants qui ne vont à l’école ? Il faut voir les choses en face. Le Mali est devenu un pays où tout est permis et ça ce n’est pas la France, ce n’est pas la France qui a créé les Pigalle de Bamako…
Dianguine Traore : Boubacar Salif Traore non, non je ne fustige pas la France d’être la source de nos malheurs. Je l’accuse de n’avoir pas accepté les propos de l’ambassadeur. Il n’est pas un populiste non plus un démagogue. Il décrit les faits comme ils sont dans son pays. La pédophilie, l’homosexualité et l’accès excessif à la drogue sont le fruit de la présence de ces militaires. C’est indéniable BST. Ce président n’a jamais été à la hauteur donc son incohérence sur la politique de défense et internationale n’est pas une surprise pour nous. Ce qui concerne l’école c’est l’irresponsabilité des parents d’élèves qui nous a amené à ce stade. Comment accepter ce comportement indécent des autorités scolaires et syndicales ? Plus de 28 ans d’années anormales, personne ne se préoccupe de la situation. Le dernier de l’Afrique sur le plan d’éducation. Cette situation doit interpeller tout le monde, mais personne ne s’en occupe, car l’éducation est le dernier souci du peuple malien. Je suis «squarelly» d’accord avec vous.