Désormais le Mali officiel assume publiquement sa disposition à dialoguer avec les chefs de la nébuleuse terroriste qui ensanglante le Nord et le Centre du pays en vue de parvenir à une paix durable.
Dans une interview exclusive accordée ce lundi à RFI et France 24, à Addis-Abeba, le Président IBK reconnait pour la première fois l’ouverture d’un dialogue avec les chefs jihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Un changement de cap dans le discours officiel qui donne raison à l’ancien Président du HCIM, Mahmoud DICKO, qui a toujours invité le Gouvernement à prendre attache avec tous les acteurs de la crise malienne, y compris les jihadistes.
lors que la question a été au cœur d’une cacophonie ces derniers temps, au sommet de l’Etat, laissant entrevoir une divergence de vue entre le Gouvernement et le Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre (HRPRRC), l’ancien Président par intérim Dioncounda TRAORE, la sortie du Président IBK depuis Addis-Abeba vient mettre fin à cette polémique.
Pour IBK, le dialogue que vient d’entamer son Représentant spécial avec les chefs jihadistes s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif (DNI). En attendant les dividendes de cette approche, si ce n’est trop tard, nous notons que cette nouvelle démarche du Gouvernement dans la gestion de la crise donne raison à l’Imam DICKO, précurseur d’un dialogue avec les djihadistes.
Une constance
L’Imam Mahmoud DICKO était ce mercredi 5 février 2020 l’invité de la radio Niétaa. Au cours de cet entretien, l’ancien Président du Haut conseil islamique s’est prononcé sur l’épineuse question du dialogue avec les jihadistes maliens, à savoir Iyad Ag GHALI et Amadou KOUFFA. Le dignitaire religieux est connu pour sa position tranchée sur cette question.
« Je suis pour cette solution depuis le début de la crise et je maintiens encore cette option. Aujourd’hui, ceux qui meurent, ce sont des Maliens comme nous. Que les victimes soient des civiles ou des militaires, c’est le Mali qui perd ses fils », avait-il déclaré. Alors qu’il était président du HCIM, il avait, sans cesse, invité les autorités à dialoguer avec tous les acteurs maliens de la crise, notamment les djihadistes pour une sortie rapide de crise.
Sur la question du Dialogue avec les djihadistes Iyad Ag GHALI et Amadou KOUFFA, conformément aux recommandations du DNI, Mahmoud DICKO reste constant sur les vertus du dialogue dans notre pays. Malgré le fait qu’on ait mis fin à sa mission en décembre 2017, l’Imam DICKO souligne que sa conviction n’a pas changé : « j’ai toujours dit à qui veut l’entendre qu’il serait plus raisonnable pour le Mali de dialoguer avec les djihadistes maliens. Pour moi, cela était possible à partir du moment où ils ont dit qu’ils respectent l’intégrité territoriale du Mali. À partir du moment où nous avons accepté de dialoguer avec les séparatistes, on devrait tout faire pour établir le même dialogue avec les jihadistes au même titre, puisque ce sont des Maliens comme nous. Les djihadistes ont trouvé que nous sommes déjà convertis à l’islam, ils ont juste amené leur manière de comprendre l’islam sous forme de revendications. Vu que nous sommes dans un monde où il y a des revendications partout, il fallait accepter de les écouter et d’échanger avec eux. Si ce dialogue peut nous ramener la paix, je pense qu’il faut le faire. J’ai toujours dit cela et je le maintiens. À l’époque, quand j’ai avancé l’idée, cela m’a valu d’être traité de tous les noms d’oiseau jusqu’à me traiter de complice avec les djihadistes. Mais ces accusations ne m’ont pas fait changer d’avis. Je suis convaincu que le Mali est un pays fragile. Je ne suis pas sûr qu’on ait les moyens de contrôler et de sécuriser ce vaste territoire. En tout cas, ce n’est pas une chose facile surtout dans un contexte de guerre contre le terrorisme. C’est pourquoi je pense qu’il faut agir avec raison et éviter de prendre les décisions sous le coup de la passion ».
Mahmoud DICKO, convaincu des vertus du dialogue, apprécie l’initiative du Haut Représentant du Président de la République pour les Régions du Centre. Car ne dit-on pas que toutes guerres se terminent autour de la table ? D’ailleurs, rappelle l’Imam DICKO, « c’est grâce à mes missions de bons offices que le gouverneur est revenu à Kidal. Et il y est toujours. Mais, aujourd’hui, la crise est devenue très complexe parce qu’on n’a pas su trouver rapidement les bonnes voies de sortie de crise. Aujourd’hui, on parle de violences intercommunautaires. Toutes choses qui s’écartent des objectifs de départ de cette crise. Nos divisions et tergiversations ont contribué à faire en sorte que la situation échappe aujourd’hui à tout contrôle ». Mahmoud DICKO a invité les Maliens au dialogue et à la concertation. « Sans ce dialogue, il n’y a pas d’issue à cette crise », est-il convaincu.
Un dialogue embryonnaire
Le 16 juillet, le Président du Haut conseil islamique a été chargé par les autorités du pays d’approcher les islamistes d’Ansar Eddine. Bien qu’étant en mission commandée du Gouvernement, et inscrit dans une logique d’approcher des « frères » en religion, son déplacement autant que ces propos ont engendré un tollé général. Réitérant son option pour le dialogue, il a fait savoir : «les autres sont organisés et dirigés, certainement par des gens qui sont un danger pour nous, et lui c’est un compatriote. Il représente un Frère musulman malien, qui est là ».
Mahmoud DICKO a engagé des discussions avec les groupes armés dans le Nord du pays. Pour les observateurs, sa proximité idéologique avec les djihadistes est un atout. Pas sûr toutefois qu’il soit porteur d’une solution pour le pays. Pour lui, on ne peut pas rester là, à Bamako, les bras croisés.
Le Président du Haut Conseil Islamique (HCI), veut croire qu’il peut faire la différence en engageant le dialogue avec les djihadistes qui occupent les deux tiers du territoire malien. Le 26 juillet, après avoir reçu le quitus du Premier ministre, Cheick Modibo DIARRA, il a pris la route de Gao, en toute discrétion. Son objectif ? Rencontrer Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Eddine, pour une « prise de contact officielle ».
Finalement, la rencontre n’a pas eu lieu, et les deux hommes se sont seulement entretenus au téléphone. Mais, l’Imam en a profité pour rencontrer les notables de la ville, les membres du Conseil régional déchu et Abdel Hakim, leader du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), avec qui l’Imam affirme que les choses se sont très bien passées.
Cependant, depuis son retour à Bamako, les lignes ont bougé, les groupes armés du Nord durcissant le ton avec leur charia en bandoulière.
Le succès de l’Imam Dicko
L’organisation islamiste Ansar Eddine accepte un cessez-le-feu proposé par le Président du Haut Conseil Islamique du Mali. Dans une correspondance adressée à ce dernier, les responsables d’Ansar Eddine annoncent qu’ils vont mettre fin aux attaques sur toute l’étendue du territoire et surtout au Nord du Mali. Le Président du Haut Conseil Islamique confirme cette information et dit vouloir rencontrer les autorités du pays. Dans la lettre, l’organisation islamiste dit avoir accepté le cessez-le-feu que lui aurait demandé le Président du Haut Conseil Islamique. Cet accord selon Ansar Eddine entraînera l’arrêt des attaques armées sur toute l’étendue du territoire et surtout au Nord du pays. Dans ce document, l’organisation islamiste insiste sur la bonne application de ce cessez-le-feu demandé, selon elle, à plusieurs reprises par le Président du Haut Conseil Islamique sans succès.
Pour les responsables d4Ansar Eddine, une mise en œuvre « avec bonne foi » de cet accord « permettra d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et favoriser la cohésion sociale, gage de la paix et de la stabilité ». Dans ce texte le mouvement islamiste reconnaît l’intégrité territoriale du pays, mais réitère aussi son attachement à l’application de la charia sur le territoire du Mali. Joint par téléphone, le Président du Haut Conseil Islamique du Mali confirme l’information. Mahmoud DICKO qui ne doute pas de la fiabilité de la lettre affirme que c’est le résultat d’une négociation qu’il a entamée depuis très longtemps. Cependant, il dit vouloir rencontrer les autorités avant tout autre commentaire.
Pour le Haut Conseil Islamique du Mali, cet accord de cessez-le-feu a été obtenu après de longs mois de négociations discrètes. Selon Mahmoud DICKO son président, l’objectif est de mettre fin aux attaques récurrentes qui ont coûté de nombreuses vies.
Les oppositions au dialogue
En novembre 2016, pour l’État malien et la communauté internationale, il n’est pas question de négocier avec les jihadistes maliens dans le cadre du processus de paix au Mali. « Certains me reprochent de ne pas chercher à négocier avec Iyad Ag Ghaly : c’est hors de question », déclarait Ibrahim Boubacar KEITA à Jeune Afrique fin 2017. Rien de très surprenant tant, depuis son arrivée au pouvoir, en 2013, le Président affiche sa fermeté vis-à-vis des jihadistes.
Cela n’empêche que l’option est défendue par des politiques maliens. Interrogé sur la question, le Pr Ali Nouhoum DIALLO, ancien Président de l’Assemblée Nationale indiquait : « Iyad Ag Ghali et son disciple Amadou Koufa doivent être fréquentables au même titre que certains leaders des groupes armés engagés dans le processus de paix, malgré les crimes qu’ils ont commis. »
Soumaïla CISSE, le chef de file de l’Opposition et Président de l’URD, lui aussi n’écarte pas la possibilité de négocier avec les jihadistes maliens. A la question de savoir s’il faut dialoguer avec certains jihadistes comme Iyad Ag Ghali pour la paix au Mali, il a déclaré : « peu importe l’interlocuteur pourvu qu’il soit crédible. » Et pour Tiébilé DRAME, Président du PARENA, « il convient d’explorer la possibilité de parler avec les jihadistes maliens avant qu’il ne soit trop tard ». Selon lui : « il ne sert à rien de nous cacher derrière notre petit doigt, regardons plutôt la vérité en face. Nous avons aujourd’hui des Coulibaly, des Mamadou, des Tounkara, des Konaté dans les groupes jihadistes : ce sont nos frères maliens. Nous devons parler avec eux … Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et les autres sont nos frères. C’est avec eux que nous devons discuter dans le cadre des assises nationales qui aborderont tous les problèmes du Mali. »
Une position controversée
En février 2017, Mahmoud DICKO, le très respectable Président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), accusé de « traître » par les djihadistes d’AQMI, DICKO se retrouve de nouveau sous les feux des projecteurs. Avant les douloureux événements de 2012, il a occupé le devant de l’actualité à la faveur de la réforme du Code de la personne et de la famille. Dans la foulée des actions visant le retrait de ce Code considéré comme non conforme aux valeurs de l’Islam, il lui a été attribué les propos suivants : « je ne suis pas contre l’application de la Charia ». Une déclaration qui lui a aussitôt valu l’étiquette de fondamentaliste religieux dont il était d’ailleurs soupçonné du fait de son obédience wahhabite. Dès lors, ses faits et gestes étaient passés à la loupe par de nombreux observateurs.
Auparavant, le Haut conseil islamique, à travers sa branche “les Ulémas”, avait organisé le dimanche 23 septembre 2012, au centre El Farouk, un atelier sur les conditions d’application de la charia (la loi islamique) au Mali. L’Indicateur du Renouveau relate à cet effet : « pour sa part, le Président du HCI, El hadj Mahmoud DICKO, a fait savoir que ce document sur les conditions d’application de la charia au Mali, une fois validé, déclinera la position du Haut conseil islamique et sera éventuellement soumis à l’appréciation des plus hautes autorités au pays. Après cette étape, a-t-il poursuivi, le HCI demandera l’autorisation au Gouvernement de rencontrer Iyad et son Ançar Eddine avec le document afin de leur expliquer les conditions d’application de la charia ».
Pourtant, l’Imam avait pris le soin de justifier l’élaboration d’un tel document : « nous ne pouvons pas comprendre que des gens se mettent à amputer les mains et les pieds des populations du Nord au nom de l’islam. Et c’est pourquoi nous avons élaboré ce document pour aller les rencontrer afin de leur expliquer les conditions d’application de la charia avec des éléments de preuve. Si c’est une question de religion, on peut la régler sans les armes, car nous avons gagné le combat contre le nouveau Code des personnes et des biens sous l’ère ATT sans prendre les armes. Si Iyad et ses hommes acceptent nos propositions en déposant les armes, tant mieux ; mais dans le cas contraire, nous nous rallions derrière nos autorités parce que le Mali est un et indivisible ».
S’ils ne parviennent pas à les convaincre, l’opinion nationale et internationale serait témoin quand même de la démarche du HCI d’avoir tendu la main à ses frères égarés, a-t-il justifié.
Dans la foulée, le Président du HCIM confiait à TV5Monde : « il faut avoir le courage de le dire, certains éléments qui sont des Maliens eux aussi, qui font partie aussi de cette crise, ont été exclus de la négociation », avant de préciser qu’il pense notamment à Ansar Eddine, le groupe terroriste fondé par le sanguinaire Iyad Ag Ghaly. Et d’ajouter : « il y a eu accord de paix. Ceux qui sont censés être les belligérants, tout le monde est d’accord. Si ça ne marche pas, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. Et ce quelque part là, pour moi, selon mes explications, c’est qu’en réalité on n’a pas discuté avec tout le monde». M. DICKO persiste donc dans son choix du dialogue avec Iyad quand celui-ci continue cependant à faire régulièrement des victimes au nom de la Charia.
La Mission de « bons offices » à Kidal
Mi-2017, ce chef religieux respecté avait été mandaté par l’ex-Premier ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA pour mener une mission de « bons offices » à Kidal, où l’État était alors absent, et dans le Centre, où les groupes jihadistes ne cessaient d’étendre leur influence. Pour cette mission officielle, il disposait d’un bureau à la Primature et un budget lui avait été alloué. Celle-ci a pris fin après la nomination à la tête du gouvernement de Soumeylou Boubeye MAIGA, le 31 décembre 2017.
« J’avais deux missions, raconte Mahmoud DICKO dans cette interview où il s’exprime en bambara. La première était de faciliter le retour de l’État à Kidal après la signature de l’Accord de paix. Cela a été un succès. La deuxième était d’instaurer un dialogue avec les hommes armés du Centre. Les leaders de Kidal sont connus (…) mais le Centre est plus complexe, car il n’y a pas de leader véritable avec lequel parler. »
Puis, DICKO évoque directement des liens avec Iyad Ag Ghaly. «Les seuls interlocuteurs connus étaient Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. Kouffa nous a fait savoir qu’il suivait ce que disait Iyad, donc je n’ai pas échangé avec lui. J’ai donc transmis un message à Iyad Ag Ghaly. Celui qui était en charge de la liaison était Cheikh Ag Aoussa. Un jour, Ag Aoussa m’a appelé. Il m’a dit qu’il avait transmis ma commission, que son destinataire avait accepté ma requête et qu’il voulait trouver une solution au problème. Le jour même de cet appel, Cheikh Ag Aoussa était pulvérisé dans sa voiture à Kidal. »
La Conférence d’Entente Nationale
Clôturée le dimanche 2 avril 2017 au Palais de la Culture ‘’Amadou Hampaté Ba’’ sous la présidence du chef de l’État Ibrahim Boubacar KEITA, la Conférence d’Entente Nationale, dans ses recommandations, a invité le Gouvernement à ouvrir le dialogue avec Iyad Ag Ghali, chef du groupe terroriste Ansar Eddine et son allié Amadou Kouffa. Une demande précédemment faite par l’opposant politique, Tiébilé DRAME, Président du PARENA et par Mahmoud DICKO, Président du Haut Conseil Islamique (HCI). Après une semaine de débats souvent houleux entre les participants représentants toutes les composantes la société malienne sur la paix, l’unité et la réconciliation nationale, les travaux de la Conférence d’Entente Nationale ont pris fin le dimanche 2 avril 2017 au Palais de la Culture ‘’Amadou Hampaté Ba’’.
Présidée par le chef de l’État, Ibrahim Boubacar KEITA, la cérémonie de clôture a enregistré la présence effective des représentants des groupes signataires de l’Accord, la Plateforme et la CMA, ceux de la société civile, des partis politiques de la Majorité et de l’Opposition, du chef de file de la Médiation internationale.
Ainsi, après avoir débattu durant une semaine sur les problématiques de la paix, de l’unité et de la réconciliation nationale, la CEN a adopté des recommandations consignées dans un rapport général concluant l’ensemble des travaux. Rapport dans lequel, la CEN impute les causes profondes de la crise à la mauvaise gouvernance, au clientélisme, à la corruption, au trafic de drogue et au manque de suivi de l’application des accords précédents.
Ainsi, dans ses recommandations, la CEN prône non seulement plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, mais aussi a invité le Gouvernement à ouvrir le dialogue avec le chef du groupe terroriste Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali et son complice, Amadou Kouffa qui sème la terreur au Nord et au Centre du pays dans les régions de Mopti et Ségou.
Une recommandation qui, depuis longtemps, avait été souhaitée et publiquement exprimée Mahmoud DICKO, Président du Haut Conseil Islamique (HCI), qui a toujours estimé que la paix ne serait pas possible sans l’implication de Iyad Ag Ghali et de Amadou Kouffa.
L’intérêt affiché pour le dialogue
Les autorités nationales ne semblent plus être contre l’idée de traiter avec certains groupes terroristes, si cela peut contribuer à faire cesser les violences dans certaines régions du pays. Au cours d’une conférence animée en janvier 2020, le Haut représentant du Président Ibrahim Boubacar KEITA pour le Centre, Dioncounda TRAORE, a révélé avoir mandaté, il y a quatre mois, des personnes pour prendre attache avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa, chefs respectifs du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GISM) et de la katiba du Macina. Devant l’absence de retour, le Haut représentant du Président pour les régions du Centre a indiqué avoir décidé, il y a quelques semaines, d’envoyer de nouveaux émissaires.
Pour justifier une telle initiative, Dioncounda TRAORE a rappelé que sa mission consiste à «faciliter les échanges intra-communautaires et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civils et la réduction des violences intercommunautaires au centre du Mali». «Nous sommes prêts à lancer les passerelles pour dialoguer avec tout le monde. (…) Tout conflit se termine par un dialogue. Il faut, à un moment donné, s’asseoir autour d’une table et discuter. Alors, si on peut préserver des vies humaines et éviter des violences gratuites, pourquoi pas ? On essaye le dialogue avec tout le monde sans exclusion», a insisté M. TRAORE, ajoutant : «personnellement, j’ai envoyé des émissaires en direction de Koufa et Iyad pour leur dire que je suis disposé à discuter avec eux.»
Les participants au dialogue national inclusif organisé par le Président Ibrahim Boubacar KEITA, en décembre dernier, avaient recommandé de sonder Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly.
Finalement, c’est le Président IBK, lui-même, qui juge que lutte antiterriste et dialogue avec les chefs jihadistes ne sont pas antonymes.
Un changement radical de position quand on sait que les autorités nationales refusaient jusque-là, du moins officiellement, tout dialogue avec les terroristes, même si officieusement, des tentatives de médiation avaient toutefois été engagées par le passé.