Moussa Faki Mahamat compte sur le sommet de l’Union africaine qui se tient ce week-end pour organiser une réponse à la situation préoccupante en Libye d’où une quantité importante d’armes est partie pour le Mali.
A l’heure où les crises en Libye et dans le Sahel s’étendent et menacent de déstabiliser une part croissante du continent, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, appelle, pour « éteindre le feu », à organiser une réponse appropriée. Avocat de formation, l’homme politique tchadien, qui a occupé de nombreux postes dans son pays et à l’Union africaine, dont il a pris la tête pour quatre ans en 2017, propose sa vision au Monde alors qu’un sommet de l’Union africaine s’ouvre ce samedi 8 février à Addis-Abeba, en Ethiopie. Cette instance, qui porte la voix du continent, va se pencher en priorité sur le conflit en cours en Libye, une guerre que Moussa Faki Mahamat relie aux problèmes sahéliens, rappelant que « des hommes, des armes en quantités importantes ont quitté la Libye pour le Mali » et que « les acteurs internationaux n’ont pas compris la gravité de la situation ».
En dépit de l’élan initié lors de la conférence de Berlin, le 19 janvier, qui a permis d’instaurer une trêve en Libye et mis sur pied un mécanisme de négociations entre les deux parties libyennes, on voit que chaque belligérant se prépare à de nouveaux affrontements, avec le soutien de ses parrains étrangers. Est-on sur le point de voir la Libye dépecée en zones d’influences ?
D’abord, il nous faut remonter un peu dans le temps. La situation en Libye est la résultante de ce qui s’est passé en 2011 (l’intervention internationale contre le pouvoir de Mouammar Kadhafi dans laquelle la France et ses alliés étrangers ont joué un rôle de premier plan). Je crois que ceux qui sont intervenus reconnaissent les erreurs qui ont été commises sous le prétexte de protéger des populations civiles. Cette opération est allée jusqu’à chasser un gouvernement. La Libye n’était pas un pays ordinaire sur le plan institutionnel. C’était un pays qui n’avait pas à proprement parler de constitution. Le système était bâti autour de la personne de Kadhafi. Sa disparition a occasionné une déflagration dans le pays, à quoi se sont ajoutées les ingérences extérieures.