Six enseignants ont été enlevés vendredi “parce qu’ils enseignent en français” lors d’une opération de jihadistes présumés dans leur école du centre du Mali, a-t-on appris de sources sécuritaire et locales. Quelque 920 écoles sont fermées au Mali, dont plus des deux tiers dans le centre de ce vaste pays du Sahel en proie depuis 2012 à des insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes meurtrières et à des violences intercommunautaires.
“Les terroristes (terme employés par les responsables officiels maliens pour désigner les jihadistes, NDLR) ont enlevé six enseignants du groupe scolaire de la localité de Korientzé parce qu’ils enseignent en français”, a déclaré à l’AFP une source sécuritaire malienne.Les assaillants sont “venus nombreux, armés et à motos” jusque dans l’école, a confirmé un membre du conseil municipal de cette localité située à quelque 150 km au nord de la capitale régionale, Mopti.”Ils ont sorti quelques élèves et manuels scolaires et des cahiers avant de mettre le feu à ce matériel dans la cour de l’école”, selon la même source, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.Un membre du corps professoral a indiqué à l’AFP que les jihadistes avaient menacé de revenir si l’enseignement “selon les préceptes de l’islam” n’était pas dispensé à la place de celui en français.”Mes enfants ont vu la scène de l’arrivée des jihadistes.
Ils ont peur. J’ai peur”, a déclaré le père de deux élèves, Sidy Diallo, qui a préféré “quitter Korientzé” avec sa famille.Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée.Les jihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.Cependant, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires ayant fait des centaines de morts.