Avec le putsch raté du 17 septembre au Burkina Faso, l’armée a connu un véritable séisme qui a débouché sur la dissolution de l’unité d’élite putschiste et l’émergence d’une jeune garde qui a forcé la main à l’état-major pour ranger l’armée du côté de la population.
Une image a été particulièrement symbolique de la crise qui a vu le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de pouvoir en octobre 2014, tenter de faire dérailler la transition. Le 22 septembre au soir, quatre officiers loyalistes et un officier du RSP ont signé chez le Mogho Naaba, roi des Mossis, l’ethnie majoritaire au Burkina Faso, un “accord pour éviter l’affrontement” qui sonnait le glas du putsch.
A la sortie, un des officiers loyalistes a mis son bras sur les épaules du commandant Abdoul Aziz Korogo du RSP pour le consoler et les deux hommes, marchant côte à côte enlacés ont ainsi disparu dans la nuit noire autour du palais mal éclairé. Les deux militaires sont des “promotionnaires” issus du Prytanée militaire de Kadiogo, surnommé PMK, qui forme les officiers burkinabè.
Les commandants de corps à l’origine de l’échec du putsch sont aussi majoritairement des “promotionnaires” du PMK dont l’hymne affirme : “Il était le lieu où la nation plaça des hommes forts et de conscience”.
Répartis à travers le pays, ces officiers ont communiqué entre eux et décidé de refuser le coup alors que les chefs des régions militaires et l’état-major restaient dans une neutralité gênante.
Bien sûr, l’armée, forte de 13.000 hommes, n’a pas réprimé les manifestations de province où la mobilisation des populations a été forte notamment à Bobo Dioulasso deuxième ville du pays, mais les haut-gradés empêtrés dans le respect de la chaîne de commandement – et dont certains sont passés par le RSP ou sont amis avec leurs membres – ont choisi l’attitude “des singes de la sagesse” (ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire), selon une source sécuritaire. “C’était la grande muette”.