Le nord du Mali a vécu trop longtemps dans une léthargie préjudiciable à la région de l’Azawed comme au pays tout entier.
La médiation internationale conduite par l’Algérie pour le retour de la paix au Mali est parvenue à bon port. Ce n’est pas sans anicroches, contretemps et autres commentaires fielleux, notamment dans un pays voisin où l’action diplomatique algérienne est systématiquement dénigrée, et où la stabilité de la région sahélienne est appréhendée comme un facteur de regain de tension sur son territoire ainsi qu’au Sahara occidental qu’il persiste à occuper au mépris de la légalité internationale et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les efforts conjugués et soutenus de Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel ont donc payé et ce n’est que justice si l’on considère le patient travail, mené sans relâche depuis des mois et des mois pour aboutir à cet accord. Il y eut maintes volte-face et autres tergiversations, nombre de réserves, parfois même des moments de tension et de doute, mais l’Algérie a poursuivi opiniâtrement ses efforts pour amener les représentants des principaux groupes rebelles touareg à souscrire à l’accord signé le 15 mai à Bamako.
Face au scepticisme des uns et au découragement des autres, il fallait une réelle capacité de médiation pour convaincre et pour obtenir l’adhésion des parties récalcitrantes. C’est ce qui a été fait ces derniers jours puisque après quarante-huit heures de discussions couronnées par un succès qui se traduira rapidement sur le terrain on sait désormais que la CMA, d’une part, et la Plate-forme, d’autre part, vont signer le document le 20 juin. Leur acceptation ferme la page des supputations et des incertitudes, l’accord garantissant l’avènement d’une «paix durable dans le nord du Mali». Le nord du Mali a vécu trop longtemps dans une léthargie préjudiciable à la région de l’Azawed comme au pays tout entier. La nature même du conflit a hypothéqué les engagements internationaux d’aide au développement et les principales victimes en auront été les populations qui subsistent, vaille que vaille, dans un contexte socio-économique très difficile. C’est dire si l’adhésion des groupes qui composent la CMA et de la Plate-forme à l’Accord réalisé sous la médiation internationale conduite par l’Algérie constitue un véritable exploit, que plusieurs pays et organisations ont salué à juste titre.
Mais le plus dur reste encore à faire: appliquer sur le terrain les termes de cet accord auquel il était crucial que l’ensemble des groupes touareg dans leur composante diverse disent oui. C’est un lieu commun que de dire combien la réalité est autrement plus complexe, tant l’expérience antérieure a montré que les accords n’ont aucun impact sur la situation réelle en perpétuelle fluctuation. Des arrangements sécuritaires ont été conclus pour donner satisfaction à la CMA et, dans une moindre mesure, à la Plate-forme qui conditionne son allégeance au sort de Ménaka. Depuis quarante ans, au moins, la paix au Mali est sans cesse compromise au gré des rapports de force dans la région de l’Azawed, notamment.