La tolérance, mot d’origine latine dont ‘’tolerare’’ qui signifierait la capacité qu’a une personne de supporter ou d’accepter ce qu’il devrait refuser dans les normes, la vertu de s’ouvrir à ce dont nos propres convictions ou adhésion ne nous permettrait pas de recevoir spontanément ; Dans la vie sociale on pourrait la résumer en trois termes, tels que le fait de ‘’s’accepter dans la différence, se vouloir complémentaire, dans le sens d’un bien commun’’. De ce fait, que ce soit une différence confessionnelle, ethnique, culturelle ou politique, ou même dans un autre aspect qui peut constituer une distinction entre deux ou des groupes de personnes ; sans possibilité d’acceptation de l’identité de l’un qui le diffère de son prochain ;Il ne peut y avoir de relations et d’échanges, deux éléments fondamentaux de la vie sociale. Malheureusement, le continent Africain, qui est le nôtre est malade d’intolérance confessionnelle et éthique qu’il a d’une part hérité par le fait colonial dont le traçage des frontières du continent suivant des intérêts qui leur revenaient, a ‘’séparé des familles et associés des adversaires’’ ; Et d’autre part construite ou consolidé par certaines élites au cours de son histoire ; Et particulièrement l’Afrique Subsaharienne comprenant l’ensemble des pays situés au sud de la longue bande désertique du Sahara qui sépare l’entité des pays du Maghreb à ceux au sud du Sahara ; qui en a beaucoup souffert. Ceux qui nous intéressent ici, est la nature même intolérante sur laquelle reposent les ethnies et les tribus en Mauritanie, qui sont des maux parmi les multiples obstacles qui touchent à l’unité sociale et nationale de la Mauritanie. Comme nous le savons, lorsque nous nous penchons sur la société Mauritanienne, on se rend compte qu’elle est multiethnique et multiculturelle avec des groupes de personnes qui sont autant différents des langues parlées que des manières de vivre: Nous avons la communauté Beïdane, Arabo-berbère ou encore Maure (constituée de plusieurs tribus arabes (guerriers) et zwayas (marabout ; Et celle Peul, wolof, soninké et harratine. Ces différentes communautés ethniques et tribales sont encore des communautés traditionnelles et endogamiques, c’est-à-dire basé sur l’organisation en tribus ou en ethnie de caste et dont le choix par l’intérieur est de préférence et très prisé par rapport à celui de l’externe. Nous allons dans une première partie exposer la nature organisationnelle de la communauté Beïdane et Harratine, car partageant la même culture, afin d’en dégager la nature intolérante des tribus ; Ensuite dans une seconde partie celle de la communauté dite négro-africaine, tout en montrant comment les castes mènent à la différenciation négative entre les personnes de castes différentes. I/ La communauté maure et harratine : La segmentation oppositive et l’intolérance Les Beïdanes sont constitués de tribus zwayas, qui sont dits des marabouts, car ces tribus s’étaient dans leur histoire, et particulièrement à l’issue de la guerre de Char bouba du mi 17ème siècle, consacrée à la science, celle de la religion islamique, ils sont les dépositaires et les gardiens de la science de la religion islamique par défaut. Alors que l’autre composante des tribus Beïdanes sont appelés les Arabes ou guerriers, ce sont par l’histoire les guerriers, ceux qui portaient les armes dans le passé, les descendants des Beni-Hassan, Arabes qui avaient envahi la partie nord et ouest de la Mauritanie ; Cependant rien ne dit qu’aujourd’hui, les premiers sont plus religieux ou islamiques que les seconds, ce qui importe est que la Mauritanie est considérée comme un pays à 100% de musulmans, n’empêche une recherche empirique sur la situation actuelle dira plus clair sur cette question pour tous celui qui aimerait traiter ce sujet. Quant à la communauté Harratine, ce sont des personnes noires, différents donc des Beïdanes qui sont des personnes blanches, ou plutôt bruns, du moins plus clair apparemment que les peuples noirs du pays, car Beïdane signifie le blanc (Beida ou Bida=blanc). Donc les harratines sont des noirs, dont leur histoire atypique les a fait subir les malheurs de la barbarie, l’inconscience et l’intolérance humaine, à savoir l’esclavage. Ce sont des descendants d’esclaves, d’ailleurs selon certains dits populaires ‘’Harratines’’ signifierait ‘’les gens libres’’ car ‘’har’’ ou ‘’hor’’ = libre. Ils ont été victimes de l’esclavage Beïdane, qu’ils ont servi depuis des siècles, et par descendance, par les faits ils ont hérité la culture (langue, histoire, us et coutumes) Beïdane, en deux mots ce sont des hommes noirs de culture Beïdane. Ces deux ou trois grandes communautés qui ont d’une manière ou d’une autre partagée la même histoire, et qui continuent à partagées les mêmes cultures, à dire la même langue parlée qu’est le Hassanya (Arabe de la Mauritanie), ont un système d’organisation sociale basé sur la tribu ou ‘’Khaîma’’ c’est-à-dire descendant d’un ancêtre commun qui a fondé le ‘’Khaîma’’ ou la grande famille de ce tribu. Ces tribus sont par nature basées sur ce que l’on appelle la segmentation oppositive, c’est-à-dire la nature des relations entre les tribus au sein d’un même groupe tribale ou entre deux groupes est caractérisée par des actions de fission et de fusion. Deux sous Khaîma d’une même tribu, ou deux tribus différentes au sein des arabes ou des zwayas, s’opposent en temps normal donc il y a tout le temps fission ; la fusion ne se remarque que lorsqu’il y a un danger menaçant l’une des tribus. Il y a donc rapprochement et alliance par proximité, c’est-à-dire par le cousin le plus proche. L’exemple le plus courant que l’on donne est : moi contre mon cousin proche, moi et mon cousin proche contre notre cousin lointain, moi, mon cousin proche et celui lointain contre l’autre tribu, moi, mon cousin proche, celui lointain et l’autre tribu contre tout le monde. Cette façon segmentaire et oppositive est de nature intolérante, car basée sur une ‘’solidarité mécanique’’, on est toujours opposé à tous celui qui est différent de nous, l’acceptation d’autrui qui est différent de nous ne se présente que lorsqu’il y a danger, et on le fait par proximité, c’est-à-dire notre alter ego. Ensuite, du fait que la société tribale basée sur la segmentation oppositive est par nature traditionnelle, il y a une forte autorité tribale exercée sur les membres de la tribu, cette forte autorité détermine l’action des individus, tout membre qui s’engera à agir ou faire autre que celui prescrit par le chef tribal, risquera de graves sanctions, tel que la marginalisation sociale, le bannissement ou l’exclusion. Les Harratines comme je l’avais dit au début, ont hérité de toute la culture Beïdane du fait de la vie commune qu’ils ont partagé depuis des temps. Ce qui fait que chaque ‘Khaîma’ harratine qui fut esclave d’une ‘Khaîma’ Beïdane, est ipso facto membre de la tribu de son maître, et croit et doit faire véhiculer cette opposition avec les autres tribus et ceux qui se différencient d’eux. Cependant, il y a un aspect qu’il faut clarifier, depuis l’émergence de la lutte anti esclavage et anti soumission en Mauritanie, commencé par les Harratines eux-mêmes, et qui continuent jusqu’à nos jours, cet aspect de relégation à la tribu de son maître et d’opposition à d’autre tribu, qui peut faire d’un harratine ennemi de son autre frère harratine par ce qu’ils ne sont pas du même tribu, à tendance à disparaître, pour la simple raison qu’ils ont souffert et supporté le même fardeau des mêmes personnes, et qu’ensemble ils ont une lutte à mener pour s’affranchir à tous les niveaux. II/ Les communautés négro-africaines : société de caste et l’intolérance Elles sont des communautés de caste jusqu’à nos jours, ces trois communautés mauritaniennes qui sont respectivement les Peuls (Fulanis ou Fulbés), les Soninkés (Sarakolés) et les Wolofs (Olof ou Walof), ont presque la même organisation sociale hiérarchique, à quelques différences près. Nous avons chez ces peuples trois grandes divisions : Les nobles à la tête de la hiérarchie et qui possédaient des esclaves, les hommes libres ‘’qui ne possèdent personne et ne sont possédés par qui que cela soit’’ et les gens de la basse classe, dont certains fût possédés tels que les esclaves (Djam, Maccudo ou Komo). Cette organisation sociale hiérarchique des ethnies négro-africaines était basée sur la nature de l’activité exercée par chaque famille ou le fait accompli de certaines personnes, et est héréditaire, c’est-à-dire que la place qu’occupe le groupe social dont est issue une quelconque famille reste inchangé jusqu’à nos jours, jusqu’à demain, quel que soit ce que cette famille est devenue ou deviendra, par le fait d’une réussite économique, académique ou professionnelle, elle restera toujours ce qu’elle est perçu comme telle, l’individu issue de cette famille est ce qu’il est, ce que fût ses parents, même s’il est aujourd’hui l’homme le plus riche au monde, socialement on le perçoit comme étant à la classe inférieur, il y restera, et cela suivra ses enfants, ça reste inchangé. Contentons-nous là de montrer un petit aperçu de cette hiérarchisation : Nous avons d’abord un premier niveau qui est celui des nobles, que cela soit chez les peuls, les soninkés ou les wolofs, nous avons une classe au sommet de la hiérarchie qui sont des ‘rimbés’ (bourgeois en peul), ‘hooro’ (hommes libres en soninké) ou ‘gèer’ (la classe aristocratique) où on retrouve les grands dépositaires du savoir religieux, les descendants de rois et princes, les grands guerriers de la mer ou de la terre qui ont mené la résistance face à des ennemis envahisseurs, les grands propriétaires terriens féodaux… bref ceux qui ont le plus de pouvoir symbolique. Cette classe dirigeante et possessive est par nature endogamique : tout choix pour n’importe quelle action sociale se fait entre eux, du mariage à l’imamat, c’est-à-dire la direction des musulmans lors de la prière, si tu es descendants d’esclaves, tu ne peux l’accomplir, ni te marier à une noble. Dans cette même classe de gens nobles ou guerriers, il y a une opposition entre eux. Si nous prenons le cas des peuls, un ‘toroodo’ (guerrier ou marabout) ne peut se marier à une ‘cubalo’ (pécheur), le premier ne peut accepter la direction du second ; d’ailleurs cet exemple banal continue à se concrétiser même dans le paysage politique actuel du pays. Chez les wolofs un ‘teugg’ ne peut se marier à une ‘guèer’, pareillement aussi chez les soninkés. Ensuite, vient un niveau intermédiaire de la hiérarchie, c’est une classe semi-basse, dont les individus sont classés suivant leur activités de vie, on y retrouve, les griots de la classe supérieur et particulièrement des rois et princes, les forgerons (qui manient la magie artistique du feu et du métal), les bucherons (qui détiennent le secret du bois), les tisserands et les cordonniers. Le cas le plus frappant ici aussi est celui du mariage qui est l’acte qui perpétue la lignée d’une famille ou d’une génération ; Il est considéré anormale que l’une des personnes issue de cette classe sociale se lie à la classe supérieure, le mélange de sang est prohibé et est à exclure, car cela peut atteindre à l’honneur de la famille de classe haute, de donner la main de sa fille à un homme de classe inférieure ou l’acte inverse ; le mélange de sang peut aussi faire dériver la lignée noble, surtout lorsqu’une fille dite noble est mariée à un homme dit de basse classe, le nom de famille changera automatiquement à cause de la patrilinéarité, alors toutes sa descendance sera vue comme membre d’une basse classe, celle de son père dont ils portent le nom de famille, et non celle dont est issue sa maman qui est de facto effacé, de ce fait les enfants issue de cette union ‘anormale’ ne peuvent se marier qu’entre eux, de classe intermédiaire ou basse et non se relever à la haute classe. Enfin, nous retrouvons la très basse classe dont essentiellement se trouve les affranchis et les esclaves ou descendants d’esclaves. Ce qui les mets dans cette situation de soi-disant esclave, est que leurs ancêtres fût esclave par rapport à une certaine situation qui leur mettait dans cet état de fait dans le passé par malheur, et ceci suivra l’ensemble de leur descendance, quel que soit aujourd’hui les faits qu’ils ont accompli ou les réussites sociales, ils seront toujours considérés comme étant des descendants d’esclaves, et donc esclave, et sont retreint à acquérir certains privilèges au sein de la communauté. Ces différents aspects des ethnies et tribus mauritaniens démontrent comment la nature de l’organisation sociale pousse à une intolérance inhérente et accrue vis-à-vis des individus et des relations sociales qui se tissent entre eux. La nature aussi même de ces deux entités différentes de la société mauritanienne pose un grand obstacle à la cohésion nationale du pays, et surtout accentué par des évènements malheureux et inoubliables qui se sont passés lors des années 1989-1990-1991 et qui a frappé de plein fouet la communauté négro-africaine, qui ont été assimilée à des étrangers du pays, où le pouvoir beïdane en place menait une chasse à l’homme à tout négro-africain pour les bouter hors du pays ou les éliminés systématiquement. Ce bref exposé de l’organisation sociale des ethnies et tribus en Mauritanie, représente la règle générale, très respectée et suivi à la lettre par de nombreux mauritaniens qui se trouvent encore sous l’emprise d’une autorité morale tribale et ethnique, ceux-là on les retrouve plus chez ce qui résident encore dans les milieux ruraux du nord, de l’est et du sud du pays, ou ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir un niveau académique approfondi. Cependant, primo, rien ne nous dit qu’il n’y a pas des urbanisés ou de grands intellectuels qui continuent encore à véhiculer ces manières de penser ; Secundo, dans toute règle il y a des exceptions, et donc là aussi, on retrouve des mauritaniens qui sont issue de l’une de ces ethnies ou tribus et qui ne croient pas en ces interdictions collectives et conservatrices et ne veulent pas du tout les pratiquer, malgré la forte pression autoritaire que leurs familles exercent sur eux ; Et enfin, sur la situation de l’esclavage soit des harratines ou des peuls, soninkés et wolofs, cela reste un sujet délicat dans le pays ; Chez les communautés négro-africaines certaines familles peuvent être vues comme des esclaves même s’ils ne sont plus sous la servitude d’aucune autre famille, mais juste qu’ils ont une descendance d’esclave, mais à mon information limitée rien ne me permet de dire qu’il y a encore des esclaves en servitude chez les négro-africains ; Chez les Harratines, il y a des affirmations qui soutiennent encore ‘’qu’il y a des familles qui sont en servitude à des familles beïdanes’’, dont leurs familles ascendantes ont été les maitres de la famille descendante des esclaves actuels, et aussi des rapports de grandes organisation internationales de défense des droits de l’homme montraient encore que « la Mauritanie vue sa petite population, est le pays qui contenaient le plus d’esclave ‘moderne’ », même si l’esclavage a été abolie en Mauritanie dans les années 80 et criminalisé en 2007. De toutes les façons, une grande lutte est en train d’être menée pour cette cause par des organisations mauritaniennes de défense des droits de l’homme et qui ont reçu plusieurs reconnaissances nationales et internationales. Cela fera l’objet d’un autre article sur cet aspect.